Kidal: Une société civile totalement absente et ignorée par les islamistes et des indépendantistes
Certains combattants du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) commencent à rejoindre le groupe islamiste Ançar Dine, qui a le contrôle de la ville de Kidal et beaucoup plus de moyens pour soudoyer ses nouvelles recrues grâce à son alliance avec Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI). “Je préfère le MNLA juste pour sa vision, même si son aile politique ne peux rien changer pas du prête à soutenir…mais j’ai choisi d’être avec Ançare Dine pour plus de confiance, de sécurité et plus de sérieux.
Le MNLA compte beaucoup de voleurs et bandits de tout genre, qui font n’importe quoi dans les villes où ils passent” affirme un jeune combattant affilié à Ançare Dine. Des combattants reprochent au MNLA d’être incapable et pas représentatif de l’ensemble du peuple Touareg face au grand défi qu’il s’est lancé, la majorité de la population préfèrent le MNLA et elle n’est pas prête à soutenir un régime islamiste, même si parmi elle, quelques-uns se rallient à Ançar Dine pour des intérêts financiers. Les différents groupes islamistes, qui règnent dans la région, terrorisent les populations et sèment la terreur dans les esprits.
La destination du nouvel Etat décrété unilatéralement par le Mouvement National de Libération de l’Azawad, en Avril dernier, semble s’aventurer en n’ayant pas la volonté d’identifier clairement son principal ennemi et sans marquer précisément sa domination territoriale. Pour de nombreux observateurs sur le terrain, cette déclaration d’indépendance relève de la précipitation et de l’amateurisme. Cette hypothèse se renforce par l’Algérie qui affirme une opposition farouche et constante face à l’indépendance.
La grande puissance sous- régionale, qui a ses frontière à seulement 400 kilomètres de Kidal, demeure le cordon vital et incontournable des régions nord du Mali.
On peut aussi s’interroger sur l’absence totale de la société civile qui est complètement ignorée par les islamistes et les indépendantistes lors des différentes rencontres et prises de décisions politiques. C’est pourtant sur elle que la population du Nord-Mali fonde tous ses espoirs pour la sortir de cette situation un peu plus incertaine et tragique. Cette société civile donne l’impression d’être constamment dos au mur et de subir fatalement les conflits à répétition. Cette situation qui la dépasse risque de la rendre plus vulnérable qu’elle ne l’a été depuis des décennies, voire des siècles.
Quant aux femmes touarègues issues d’une culture matriarcale, elles sont aujourd’hui marginalisées. Elles sont désormais écartées de tout pouvoir politique et n’ont plus leur place dans la gestion des affaires. Le génocide de la culture Touarègue est malheureusement annoncé alors que celle-ci était un système social dont la responsabilité familiale, ou plus précisément clanique était attribuée à la femme. Les Touaregs ne possèdent qu’une parenté, la parenté utérine : la généalogie est féminine.
Les Touaregs sont musulmans depuis le VIIe siècle, cependant, la position élevée qu’occupe la femme touarègue s’inscrit en contraste avec l’état d’infériorité de la plupart des femmes du monde arabe. Aujourd’hui, la pratique de la Charia a une emprise, qui risque d’être sans retour, sur cette exception culturelle née il y a plusieurs siècles. L’espoir d’une indépendance du territoire de l’ “Azawad” sans bain de sang et surtout sans sacrifier toute une jeunesse assoiffée de liberté est anéanti par l’opposition ferme de l’Algérie.
Les Islamistes de tout bord imposent leur stratégie de terreur et d’occupation du terrain. Le non respect des engagements du Mali, puis le chaos qui y règne aujourd’hui ont laissé, au Nord Mali, le champ libre à une forme d’anarchie où AQMi, Islamistes, indépendantistes et trafiquants de drogue côtoient les bandits de grand chemin du Sahara en toute liberté et en toute impunité. Les rançons que perçoivent les islamistes pour la libération des otages représentent plus de 4 fois le budget de la défense du Mali. Dans une interview accordée à France24, le ministre malien des Affaires étrangères sous le régime d’ATT, Soumeylou Boubèye Maiga, disait: “ce qui importe pour nous c’est d’obtenir la libération des otages…” certes la même préoccupation pour la France de Sarkozy. Peut être qu’ils oublient tous que les populations sont aussi en otage! Sauf que pour eux il n’y a pas de rançon.
Depuis 2006, rare sont les acteurs de développement qui investissent au Nord du Mali et toutes les autorités stigmatisaient la présence islamistes sans rien y faire concrètement. Finalement, une partie de la population est désormais dans l’obligation vitale de se pencher vers celui qui lui offre une assistance d’où qu’il vienne et peu importe ce qu’il réclame en contrepartie. Tout un peuple est laissé à lui même.
Actuellement, le gouvernement malien fait face aux pires difficultés générées par le récent coup d’Etat. Le pays veut retrouver son intégrité territoriale, mais la priorité est de rétablir la situation au Sud. Une aubaine pour les islamistes qui imposent la Charia dans tout le Nord et le MNLA qui réclame l’indépendance de l’Azawad, mais aucun d’entre eux ne parlent de solutions concrètes pour venir en aide aux 284 000 réfugiés déplacés. On compte 56 664 réfugiés au Burkina Faso, 61 000 en Mauritanie et 39 388 au Niger selon le HCR. L’histoire se répète.
Par ailleurs, une famine, annoncée depuis plusieurs mois, va inévitablement sévir au sahel et qui, parmi eux, va pouvoir répondre au désespoir des populations restées sur place ?
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